Kamakura

He bien c etait une grosse pause ! Le blog a pile une semaine de retard… On va dire que c etait mes vacances d ete !

… Sauf qu en fait c etait pas du tout les vacances. La semaine derniere, j etais la seule personne de mon equipe a venir au bureau, sachant que le projet sur lequel nous travaillons doit etre fini la semaine prochaine. Ce qui fait que j ai du aussi bosser a la place des absents… En fait ca c est passe un peu comme ca (par mail) :

Moi – Bon, reunion generale Mardi. Ordre du jour : rapport sur l’avancement du projet, revue des wireframes, calendrier des designers, ajustement du planning de test, arrivee d un nouveau membre dans l equipe. Ca convient a tout le monde ?
Tout le monde – Oui oui, c est parfait.

Mardi matin, je prends mon courage a deux mains et fais mes 5km a velo jusqu au bureau, en depit d un orteil fraichement explose sur le pied du lit. (quand je dis explose, c est fendu en deux avec du sang et tout et tout…). J ouvre ma boite mail pour assister a l echange suivant :

R-san – Ah en fait, je vais pas pouvoir venir a la reunion aujourd’hui.
K-san – Moi je tousse et ma copine m a quitte il y a quatre mois. Je pense que je vais rester a la maison.
le Boss – Oh mais ca tombe trop bien. Moi aussi je me sens pas bien, je comptais rester a la maison aujourd’hui.

Mais les gars ecoutez, C EST GENIAL DITES MOI. C est pas comme si je venais d inonder ma chaussure de sang sur 5km, pour venir a une reunion sur un projet dont l idee de base me semble super douteuse mais que VOUS trouviez tous fantastique…
Et voila comment j ai passe une semaine tout a fait horrible. Heureusement il y a eu ca (echange par mails telephoniques):

De : graou_graou_je_suis_le_lion@XYZ.jp
A : Octopoulpe@XYZ.jp
Message : GRAAAOU !

De : Octopoulpe@XYZ.jp
A : graou_graou_je_suis_le_lion@XYZ.jp
Message : ??? C’est qui ???

De : graou_graou_je_suis_le_lion@XYZ.jp
A : Octopoulpe@XYZ.jp
Message : He ben quoi, tu connais tant de lions que ca ? C est moi enfin, C. !

…Qui m a bien fait rigoler apres m avoir plongee dans une perplexite sans nom. Et puis ca :

Coucou Octopoulpe ! Tu fais quoi ce week end ? Si tu veux tu pourrais venir dormir chez moi, samedi on visiterait la ville, le soir tu dormirais a la maison et dimanche on irait a la plage !

Ce qui fait que j ai encore passe un super week end, mange a en exploser a tous les repas (entre autres, sashimi de poisson et de poulet, boeuf saute, riz au sesame, asperges au jambon, camembert japonais, jambon cru, tomates a la mozzarella, soja saute aux champignons, sushis, tofu frit, tofu pas frit, coquilles saint jacques, calamar, takoyaki, raviolis chinois frits, raviolis chinois a la vapeur, toutes sortes de sucreries… Tout etait tres bon, sauf le poulet cru), et on a meme assiste totalement par hasard a un mariage traditionnel dans un temple. Traditionnel avec moines et moniales en costume, gongs et flutes, mais mariage entre un etranger et une japonaise !

Panneaux #5

Le blog est officiellement en pause jusqu’à au moins lundi, mais les photos de panneaux commencent à envahir la mémoire de mon téléphone… Et puis je ne pouvais pas ne PAS ecrire un teaser sur ce qu’il m’attend ce week end (ce teaser est officiellement sponsorisé par Megumi-san).
Tout commence samedi matin, avec une matinée de fabrication de teinture d’indigo à partir des plantes récoltées par Megumi et son club d’indigo. L’après midi, direction la ville d’origine de Megumi, pour profiter d’une température de 38°C à l’ombre et de la campagne. Le soir, feu d’artifice d’une heure à admirer en Yukata (si j’ai le courage de porter cette très jolie et très impratique tenue traditionnelle japonaise) et razzia sur les stands de snacks japonais (calamar grillé, nouilles sautées, Yakimanju…). La nuit, j’irai dormir chez Megumi, ce qui signifie qu’en fait je vais dormir dans le temple dont sa famille est responsable de génération en génération (et qui aurait dû être repris par mon ami le moine Takashi s’il n’avait pas eu d’accident). Voilà voilà, passons au panneau !

Lieu : le mini-parc pour enfants sur le chemin de la gare

Description :

Gauche : Un petit bonhomme se tortille
Droite : Une jeune fille passe sous un lampadaire d’un air effrayé, une ombre se cache derrière un poteau

Ce que ces panneaux ne signifient pas :

“Fuuusion !”
“Si tu passes sous un lampadaire, n’aie pas peur de ton ombre ! ”

Ce que ces panneaux signifient :

“Pendant les vacances d’été, séances de gym-radio le mardi et samedi à 6h30 du matin”
“ASSOCIATION DES PATROUILLEURS SCOLAIRES : L’obscurité c’est terrifiant ! Alors fais attention !”

Point culture : plutôt que de dire “mange 5 fruits et légumes par jour et pratique une activité physique régulière” après une pub pour du sirop de gras, les japonais ont un truc qui s’appelle la gym-radio. Les gens du quartier se rassemblent au point de rendez-vous, on met une sorte de routine musicale qui dit “sautillez – touchez vos pieds – 1 et 2 et 3 et 4 !” (enfin vous voyez le genre), et tout le monde fait sa gym matinale. Les enfants  reçoivent un petit tampon ou une gommette pour noter leurs jours de présence.

Après si vous êtes du genre à vous lever avant 6h30 pour sautiller, je suppose que vous ne mangez pas vraiment de l’huile en barres…

Vise moi ce soda

Hello !

Cette semaine mon équipe n’est pas au bureau, ce qui fait que je dois bosser deux fois plus. Et samedi / dimanche j’ai une supeeer sortie de prévue, le blog est donc officiellement en pause cette semaine, malgré beaucoup de nouveaux panneaux et trucs cools à décortiquer en photo !

Pour vous faire patienter, voilà un machin.

Chaque été Pepsi offre au Japon une nouvelle saveur. Malheureusement, en dépit d’une jolie bouteille (sur laquelle est précisé “sans extraits de fruits”), ce Pepsi goût Pastèque Salée “saveur rafraîchissante de l’été” n’est pas très bon…

Le Post de la semaine (dernière)

Tout d’abord, à la demande générale (youhooou), voilà mon nouveau vélo :

Le dialogue de la semaine :

Ce dialogue a eu lieu entre ma collègue R-san (designer) et moi, pendant que mon patron était parti faire passer un entretien à une potentielle future recrue.

Moi – R-san, toi aussi tu as du passer un entretien pour être embauchée ici ?
R-san – Oui, j’ai passé un entretien juste ici, à la même place où je suis assise aujourd’hui !
Moi – Et tu as amené des trucs, comme, je ne sais pas, des échantillons de designs ?
R-san – Non, pas de tout. Je ne suis pas entrée ici avec l’intention de faire du design, je voulais programmer.
Moi – AH BON ?!? Mais alors qu’est-ce qui s’est passé ? Tu avais de l’expérience en design ?
R-san – J’avais déjà designé des truc pour des amis, en amateur, mais je ne l’ai pas mentionné pendant l’entretien… En fait je crois que le patron décide au hasard. Celui-ci à la programmation, celui-là au design ! Franchement, ce poste n’a rien à voir avec ce que j’ai pu mettre sur mon CV ou ce que je souhaitais faire. Mais finalement, ça me plait bien, j’aime vraiment ça !

Et voilà, moi je me retrouve à la gestion des serveurs, boulot ingrat au possible ! Mais bon, les horaires sont libres…

Le personnage de la semaine

Comme je ne trouve pas ça bien de mettre des noms trop reconnaissables sur un blog public, appelons-le Fifi, comme dans Riri Fifi et Loulou. Le personnage de la semaine est donc Fifi, un espagnol-catalan qui habite dans le même appart que moi, la chambre à côté de la mienne. Il hérite du titre envié de personnage de la semaine grâce à un soudoiement éhonté : premièrement, il a partagé un délicieux jambon cru catalan avec tout le monde; deuxièmement, il a fait toute ma vaisselle hier… Et accessoirement, c’est aussi la seule personne dont les horaires ressemblent aux miens, donc la personne avec qui je parle le plus à la maison.

Fifi est donc Catalan, ce qui signifie que si je parle français, il comprend ce que je dis et peut me répondre en catalan, et vice-versa. Mais la plupart du temps nous parlons anglais, car il n’étudie le japonais que depuis 2 mois. Le matin ou le soir, je l’aide à faire ses devoirs en japonais; la journée il va à l’école de japonais, la nuit il fait barman dans un coin huppé, le week-end il est prof d’espagnol et comme si ça ne suffisait pas, il joue également dans une équipe de foot semi-professionnelle de Tokyo… Tout le monde a un emploi du temps surchargé par ici, sauf moi !

Mamechishiki

Au Japon, les vélos sont autorisés à rouler sur les trottoirs. En fait, tout est fait pour encourager les cyclistes à utiliser les trottoirs : ils sont séparés en deux par une ligne jaune, qui au départ est faite pour que les vélos roulent d’un côté et les piétons marchent de l’autre, mais finalement chacun fait comme il veut. Les passages piétons ont eux aussi une partie vélo et une partie piétons, les passerelles qui enjambent les grandes routes ont des escaliers pour les piétons et des longues rampes en colimaçon pour les vélos…

Mais le mieux, c’est que  les vélos ont aussi le droit de rouler sur la route. Peu de gens le font, puisque les trottoirs sont parfaitement aménagés  ; mais c’est autorisé, et c’est particulièrement appréciable aux heures où des millions de Tokyoïtes vont à l’école ou sortent du bureau et envahissent les trottoirs.  Bref, être un cycliste en ville, c’est avoir tous les avantages des piétons et des conducteurs réunis !

Bonus 

Il s’agit d’un encart publicitaire dans un magazine féminin.

Je crois que ça se passe d’explications ! Quelle japonaise n’a jamais rêvé de cils rasta ? XD

Enfin, comme d’habitude les japonais se montrent très créatifs, et je suis à peu près sûre que ces trucs marrants / de mauvais goût trouveraient également une clientèle en France…

Panneaux #3

Je vous ai déniché un panneau parfait pour rebondir sur le news corner d’hier. Malheureusement ou heureusement pour certains, à Tokyo nous sommes passés en 24h de 35°C à l’ombre, à 22°C sous la pluie. Soit une chute de 13°C. Bien entendu, pour aller avec le changement de météo, ce n’est que ce matin que j’ai enfin pu m’acheter un nouveau vélo, et donc l’étrenner sous la pluie après une semaine de gros soleil sans nuage.

Encore une photo de piètre qualité, mais un train bondé n’est pas le meilleur endroit pour photographier !

Lieu : wagon d’un métro de la ligne Marunouchi (ou était-ce la ligne Hibiya ?)

Type : Publicité

Description : Une dame qui apparemment vient de sortir de la douche s’exclame “Hiiiiiiiiiiiiiiiih” devant son ventilo

Ce que ce panneau ne signifie pas : Si tu te mets toute nue devant ton ventilo, tu vas attraper un rhume (et devenir rousse)

Ce que ce panneau signifie : “Lotion BABU Shower Extra Cool, ton corps au Pôle Nord en un instant ! Appliquez, rincez et c’est tout ! Attention, s’exposer aux ventilateur juste après peut provoquer DES SENSATIONS INTENSES !”

Je pense que ce doit être une douche avec “effet dentifrice”, vous savez cette (inutile) sensation de froid piquante qui fait dire “ce dentifrice est très efficace, je ne sens plus mes gencives !”
Par temps de grosse chaleur, ça doit avoir un succès monstre…

Point culture : En été, le paysage publicitaire japonais ressemble à une succession de pubs pour de la bière, des sprays rafraichissants, des matelas réfrigérants et des climatiseurs. Comme les affiches publicitaires sont omniprésentes dans les trains, il y a vraiment beaucoup de panneaux amusants à voir.
Ca fait passer le temps et ça finance le service irréprochable des compagnies de train, mais la première fois c’est vraiment frappant : les wagons sont vraiment tapissés de pubs, des affiches plastifiées bien alignées les unes derrière les autres pendent même du plafond.

Bonus : Comme je suis sympa, je vous mets une pub officielle en bonne qualité et une vidéo ! Si vous êtes attentifs on entend même le cri très spécial des cigales japonaises.

Vidéo : 

Panneaux #2

Continuons la série des panneaux avec une photo un peu plus fournie et que je trouve très représentative !

Excusez d’avance la qualité de la photo !

Lieu : gare de Shinanomachi, quai 1

Ce que ces panneaux ne signifient pas : (de haut en bas et de gauche à droite)

  • – Inclinez vous en montant à l’étage
  • – Prenez l’escalator puis l’ascenseur
  • – Le personnel de la gare est autorisé à jeter les chapeaux des enfants pas sages sur les voies
  • – Fuyez !

Ce que ces panneaux signifient :

  • – Ascenseur et escalier dans cette direction
  • – Nous vous informons de la présence d’ascenseurs et escaliers derrière cet escalator (version polie du panneau précedent)
  • – En cas de chute d’objet sur la voie, faites appel au personnel de la gare
  • – ????

Point culture :

Pourquoi y a-t-il un panneau poli et un panneau moins poli ?
Je pense que le petit bonhomme qui s’incline rend le panneau en langage neutre “plus poli”, du coup les deux panneaux sont équivalents en termes de politesse. Le “personnage qui s’incline pour être poli”, tantôt homme tantôt femme, est un classique des panneaux informatifs japonais : “attention sol mouillé”, “attention travaux”, “merci de votre visite” etc…

Alors pourquoi y a-t-il deux panneaux qui veulent dire la même chose, plus un panneau d’un bonhomme qui s’enfuit ?
Je n’en sais fichtre rien !

Panneaux #1

Aujourd’hui, nous inaugurons une nouvelle section sur les panneaux japonais ! C’est l’un des truc les plus frappants en arrivant ici : il y a des panneaux partout, dans un style, comment dire… très différent des panneaux français. Les panneaux japonais sont fun.

En plus c’est un bon prétexte pour parler un peu culture ! Commençons tout de suite avec ce panneau là :

Lieu : gare de Shinanomachi, quartier de Shinjuku

Ce que ce panneau ne signifie pas : “Il est interdit de promener des éléphants verts dans la rue”

Ce que ce panneau signifie : il est interdit de fumer en marchant (et évitez aussi de jeter vos mégots et cannettes par terre) ! Signé : “Kurinu Shinjuku (“clean Shinjuku“)”

Point culture : voilà un truc super chouette. au Japon il est interdit de fumer en marchant, ce qui évite aux autres piétons de chopper un cancer du poumon. Personnellement je déteste marcher derrière quelqu’un et fumer sa cigarette à sa place…

Juste à 50m de ce panneau, il y a une “aire fumeurs”, c’est à dire un petit coin de trottoir avec des cendriers sur pied où tu as le droit de t’arrêter et de fumer. Loin d’être un lieu “convivial” (je sais que les français vont parfois taxer une cigarette pour engager la conversation), c’est un endroit glauque où tout le monde     tire sa dose de nicotine aussi  vite que possible, les yeux rivés aux sol.

Kakkoii corner !

Voilà une rubrique qui parle des trucs cools qui simplifient terriblement la vie au Japon. Voilà ce que j’aurais voulu faire comme métier : avoir des idées simples et géniales (et les vendre très cher) !

Aujourd’hui donc, la sauce à takoyaki. Vous avez déjà vécu ce moment où le sachet de 2.5ml de moutarde ouverture *facile* se déchire n’importe comment, vous en met partout SAUF sur les frites et où finalement vous faites des origami avec le reste du paquet pour essayer de faire sortir les 3/4 de sauce restée bloquée dans les coins ? Et bien il y existe une solution à tous ces problèmes, élégante, rapide, et qui ne nécessite que deux de vos doigts. Et pour ne rien gâcher, vous pouvez artistiquement verser deux sauces différentes sur votre plat, en un seul geste.

Voici ce bijou de technologie :

Plus précisément, ça :

16g d’astuce pure, 100% plastique/mayo/sauce tako, garantie doigts propres.

Comme l’indique le mode d’emploi, il suffit de placer ses doigts sur les bords les plus courts et de plier.

Difficile de faire plus simple. Bon, comme j’étais occupée à prendre la photo, le résultat sur mes takoyaki n’est pas très artistique, mais vous avez saisi le principe : les deux sauces sont éjectées par deux petits becs qui s’ouvrent quand l’emballage est plié (les deux pointes sur l’avant dernière photo). Et par la magie de cet emballage révolutionnaire, pas une goutte ne reste au fond du paquet.

Neat, quick and simple. Takoyaki sauce, what else ?

Le Weekly Post

Un peu d’avance dans le post de la semaine, pour changer. J’hésite à ajouter de nouvelles rubriques, sur les trucs super pratiques du Japon, la technologie, ou les panneaux d’affichage (qui mériteraient un site web à eux tous seuls…). On verra selon le temps libre que j’ai ! (c’est à dire à peu près aucun, depuis que mon boss a décidé qu’il fixerait les deadlines des projets lui-même. Utopisme quand tu nous tiens !)

Le dialogue de la semaine

… a eu lieu avec un o-mawari-san. Ce lundi, mon vélo a disparu. Au lieu de le garer dans le bâtiment comme je fais d’habitude, je l’ai garé devant, de l’autre côté de la rue. Pour cause de nid de guêpes, vous comprenez… Et le matin, il avait disparu.
Sachant que les vols de vélos sont inexistants dans le voisinage, que mon vélo était du type vieux-rouillé-bruyant alors que ceux garés pas loin étaient ni trop vieux ni trop neufs, sachant enfin que la fourrière colle des dizaines d’étiquettes rouges “la prochaine fois vous aurez une amende” avant d’embarquer les bicyclettes… Le plus probable selon les gens à qui j’ai demandé est que quelqu’un ait été “gêné” par mon vélo et l’ait déplacé quelque part pas loin (l’antivol est de type “bloque-roue”, qui empêche la roue de tourner sans amarrer le vélo à un poteau). Sauf que mon vélo n’a pas de GPS intégré et que je ne l’ai retrouvé nulle part.
Je suis donc allée porter plainte à la police : ce n’est pas eux qui retrouveront mon vélo, mais au moins si le vélo se prend une amende pour stationnement interdit (allez savoir où il a atterri), ce n’est pas moi qui paierai. Morceaux choisis de la conversation avec Mr Lapolice.

Lui – Bon, est-ce que tu sais écrire en japonais ?
Moi – Je me débrouille…
Lui – Alors mets ton adresse ici, et là tu écris la date. Nous sommes le 11e jour du 7e mois de l’ère Heisei… Tu sais qu’ici, on compte les années selon les  règnes des Empereurs ? Avant c’était l’ère Showa, et maintenant c’est Heisei.
Moi – Oui, oui, je sais. Mais je ne sais pas l’écrire en caractères.
Lui – Hei, comme “heiwa”, la paix. Et sei comme “nari”, devenir. L’ère de la venue de la paix.
Moi – Voilà.
Lui – OK, maintenant tamponne ici. Oh, tu n’as pas de Hanko (tampon) ? Ici au Japon, on signe avec un tampon encreur personnel, mais comme tu n’en as pas, il va falloir que tu signes avec tes empreintes digitales, ici, ici et ici.
(c’est sûr qu’un tampon ça vaut une empreinte digitale en terme de sécurité…)
Voilà, c’est bon.
Moi – Je peux vous poser une question ? C’est pour quoi faire que vous avez un bâton de balai ?
Lui – Oh, ça ? C’est pour se battre.
Moi – Vous voulez dire que vous tapez sur des gens ?
Lui – C’est bien ça. Tu connais Miyamoto Musashi ?
Moi – Euh, oui, bien sûr. (en fait pas du tout)
Lui – Comme tu le sais, c’était un grand héros et un samurai extrêmement doué. Et c’est grâce à un bâton en bois comme celui là qu’il a gagné la guerre, il y a très longtemps ! Et c’est pour cela que nous aussi, nous apprenons les techniques de maniement du bâton.
Moi – Vous apprenez ça à l’école de police ?
Lui (il se lève et va empoigner le bâton posé dans un coin de la pièce) – Oui. On fait comme ça : un coup sur la tête, PAF ! Et aussitôt, un coup à l’estomac, VLAN !
Moi – Waouh, avec ça on doit être bien immobilisé…

Et voilà comment j’ai eu droit à une démonstration de combat au bâton dans le style Miyamoto Musashi le plus pur. Après je ne suis pas sûre que l’honorable samurai ait été aussi enveloppé et chauve que mon policier, mais ça n’en était que plus drôle !
(Enfin soyons honnêtes, personne n’a jamais vu un policier japonais combattre les méchants avec un bâton de balai, c’est pas les power rangers non plus…)

Le personnage de la semaine

O-mawari-san, bis.
Entre chez moi et la gare, il y a le QG d’un parti politique japonais, avec toujours plein de voitures et de gens en costume. Et un o-mawari-san en uniforme qui fait le pied de grue devant la porte, parfaitement immobile, saluant les gens du QG et ignorant les passants innombrables…

…Sauf moi !
La première fois qu’il m’a adressé un retentissant “BONJOOOUR !”, je passais à vélo; j’ai sursauté et bredouillé un truc comme “AArhhg …mmjour.” Depuis, chaque matin, nous faisons le concours de qui sera le plus bruyant.
“BONJOOOUR !” – “BONJOUUUR !”
… Enfin ça c’était avant, parce que j’avais un vélo et que je pouvais m’enfuir à toute vitesse. Maintenant que ça me prend une bonne minute à pied avant de dépasser le QG, c’est plutôt : “BONJOOOUR !” – “…our.”

Le plat de la semaine

Je SAIS que ça ne vous fait pas très envie. Mais c’est une entrée tout à fait rafraichissante par cet été brûlant.

Mamechishiki : les chauves

En France, être chauve c’est comme avoir des rides : les gens font ce qu’ils peuvent pour l’éviter, mais on sait tous qu’après 30 ans il y a peu de chance d’y échapper… Alors on fait avec. Ca fait partie de ton image, pas de ta personnalité.

Au Japon, être chauve est une calamité honteuse qu’il faut camoufler à tout prix.
Il y partout des pubs pour des potions magiques, pour des perruques, pour des extensions “effet naturel”. Et si rien de tout ça ne marche, il reste la solution ultime : la coupe d’Homer Simpson, une longue mèche peignée d’un côté à l’autre du crâne…
Une explication possible de cette hantise du crâne luisant pourrait être qu’il y a *réellement* moins de chauves ici qu’en France, du coup ce n’est pas vu comme un truc normal et inévitable, mais comme une tare rare et honteuse.. Mais ce n’est que mon interprétation.
Une exception notable : les adolescents ont souvent le crâne quasi-rasé, gris : apparemment il faut se raser le crâne pour jouer au baseball, sport qui est au Japon ce que le foot est à la France.

Bonus : pepsi lemon

Je ne sais pas si on en trouve aussi en France, je ne suis pas très calée en sodas; mais j’ai gagné ça en faisant mes courses l’autre jour :

Honnêtement, Mr l’ingénieur de chez Pepsi, c’est pas bon du tout ton truc. Tu parles d’un cadeau. J’ai aussi gagné ce matin même une bouteille de café au lait. Je n’aime pas le lait… Jamais contente 😀 !

Sôji no hi (le jour du ménage)

Salut !
Jeudi dernier, c’était le jour du ménage au bureau, par decret de moi-meme et d’une collègue (Rieka). Il n y a pas de femme de ménage, et je crois bien que le patron n’avait jamais pensé qu un peu de nettoyage de temps en temps pourrait être utile… pour preuve, son air étonné quand nous lui avons annoncé que jeudi tout le monde etait partant pour faire un grand ménage. “Ah bon, c’est si sale que ca ici ?”
Non, il y a juste des plantes mortes dont les racines s’enfoncent dans les murs, des traces de thé sur la moquette et des emballages vides partout. Sans parler de la cuisine, des canettes recyclées en cendriers et du fait que vous recevez les clients sur un coin de bureau immonde. A par ça, tout roule !

… Nous avons donc tout nettoyé du sol au plafond, taillé les plantes, et mis au placard tout le bric a brac des dizaines de stagiaires fantômes que personne n’a jamais vu (leurs effets personnels s’entassent miraculeusement sur les bureaux libres…). Nous avons aussi mis en place un plan de reboisement du bureau a base de plants de tomates, de menthe et de basilic. Et quand tout ca aura bien poussé, nous ferons le “jour de la pasta”, avec des spaghetti tomate-basilic et des mojitos a la menthe… Jardinage-cuisine, ca fait un peu activité de maison de retraite, mais au moins l’équipe a regagné un peu de motivation (bon OK, mon équipe seulement(les affaires vont pas fort en ce moment !)).

Le dialogue de la semaine :

Patron – Il faut aussi nettoyer mon bureau ?
Rieka – Mmmh… Ce serait mieux, en effet…
Patron (fait un petit carré libre en repoussant son bazar vers les extrémités du bureau) – Et voilà c’est prooooooopre ! Un coup de chiffon et c’est parfait !
Rieka – Uh ? Comment dire… Hum… Euh, bel effort.
Patron – Désolé, c’est ma limite maximale de propreté.
Moi – … Je peux tailler les plantes mortes ?
Parton – Jette. Jette tout, les plantes, les pots, tout.
Moi – Quoi, les pots super design en porcelaine ? Il vaudrait mieux replanter autre chose.
Patron – Oui mais qui va s’en occuper ? Pas moi en tout cas.
Moi – Moi alors. J’arrose déjà les plantes tous les jours, je peux bien aussi en replanter.
Patron – Vraiment, tu ferais ça ? Eh, génial, ce serait vraiment chouette ! Plantons plein de trucs, je veux que ce bureau devienne une vraie forêt !
Moi – … Pourquoi ne pas commencer par des tomates ?
Kobayashi (un collègue) – Et du basilic ! C’est super facile d’entretien.
Patron – Et quand ça poussera bien on se fera des pâtes basilic-tomates !
Kobayashi – On peut aussi planter de la menthe. Ca sentira bon, et on pourra se faire des Mojitos. Je suis sûr qu’on peut trouver tout ça au supermarché, allons-y tout de suite !
Patron – Vous allez vraiment faire tout ça ? Bon, tiens Octopoulpe, voilà pour couvrir les dépenses (10€… vu le prix des légumes au Japon, inutile de dire que ça n’a pas suffi.).
Lana – Ok c’est parti, allons-y !
Rieka – Je viens avec vous !

Et voilà comment nous avons commencé à jardiner au bureau, à partir de tomates – branches de basilic – menthe de supermarché, plutôt que de racheter des plantes en pot qui de toute façon mourraient à nouveau de soif parce que le patron oublierait de s’en occuper. Au moins maintenant tout le monde se réjouit à l’idée de profiter bientôt des fruits de nos efforts, et il y a moins de chance que ces pauvres plantes meurent oubliées dans un coin !
Par la même occasion, vous avez fait la connaissance de mon équipe au complet, à savoir les seuls qui sont là à jours fixes : Rieka et Kobayashi, les deux derniers personnages de mon dessin sur les coupes de cheveux.

Le personnage de la semaine

Kobayashi. Puisque vous entendez parler de lui pour la première fois dans ce post, profitons-en pour faire sa connaissance.
Comme tous les employés de ma boîte, c’est un stagiaire. Il vient au bureau deux jours par semaine en tant que programmeur débutant, mais dans la vraie vie il est étudiant-chercheur en Bioinformatique. Il est fan de Moomin (ce dessin animé passe sur une grande chaîne nationale aux heures de pointes…), il étudie le français à la manière japonaise, c’est à dire en lisant des livres de grammaire et en apprenant des phrases par coeur, et surtout il aime les plantes, ce qui en fait mon successeur tout désigné au poste de jardinier de la boîte…

Mamechishiki

En France, on se plaint parfois d’avoir des infos totalement sans intérêt au JT. Au Japon, en plus du journal météo, plusieurs minutes semblent exclusivement consacrées à montrer le temps qu’il fait dehors.

Présentatrice – … Et nous retrouvons maintenant notre envoyé spécial, Kaze-san ! Kaze-san, il pleut, n’est-ce pas ?
Kaze-san, surexité – Eh oui en effet il pleut ! Comme vous pouvez le constater il y a des gouttes sur la caméra et je porte un K-way ! D’ailleurs regardez, je suis actuellement à la gare de Shinjuku et les piétons ont des PARAPLUIES ! Oui vous vous rendez compte, des parapluies ! Madame, madame un instant ! Puis-je vous interviewer ? Que pensez-vous de cette pluie ?!?
Madame – Eh bien ce matin ma maman m’a dit de prendre mon parapluie, et maintenant il pleut, heureusement que j’ai écouté ma maman.
Kaze-san – … Alors que sur ces images prises il y a 3 heures et 06 minutes, comme vous pouvez le constater, il ne pleuvait pas et d’ailleurs, le thermomètre que je brandissais fièrement affichait 36°C, alors que REGARDEZ ! Maintenant il pleut et il me semble qu’il y a même un petit peu de vent et REGARDEZ ! Ce thermomètre affiche 26°C, nous avons perdu 10°C en 3h07 minutes, c’est EXTRAORDINAIRE, extraordinaire !

Merci Kaze-san en direct de la gare, c’est le Nelson Monfort des jours de pluie. Que ferait-on sans ces interviews essentielles ?

Bonus

Contrairement aux autres dialogues que je traduis tels quels, voici un extrait légèrement modifié de mes échanges par MAIL-SMS de cette semaine.

De : Octopoupe, à : Michael, Objet : Sauvez-moi
Cher Michael-san, il y a un gros nid de grosses guêpes en construction à l’entrée du bâtiment. Je n’ai rien contre les gros, mais vu que cette chose est juste dans l’encadrement de la seule porte d’entrée et que je vais devoir passer dessous plusieurs fois par jour, je me suis dit qu’en tant que responsable de la résidence vous pourriez faire quelque chose.
Signé : Un poulpe mort de trouille

De : Michael, à : Octopoulpe, Objet : Nos excuses les plus plates
Cher Octopoulpe-san, nous avons aspergé la zone de poison il y a quelque temps et attendons que cela fasse effet. Je me prosterne devant vous à l’idée des problèmes que nous avons pu vous causer.

De : Octopoupe, à: Michael, Objet : Si c’est là demain je sors pas de chez moi
Cher Michael-san, est-ce que ces horreurs auront disparu demain ? Sinon, jusqu’à quand dois-je rallonger mes congés pour ne pas avoir à sortir de chez moi pour aller au boulot ?

De : Michael, à : Octopoulpe, Objet : Nos excuses se prosternent aussi
Cher Octopoulpe-san, je crains fort qu’il n’y ait pas de changement d’ici demain. Je n’ai pas de mots pour décrire mon état de désolement.

De : Octopoulpe, à : Rieka, Objet : Crêpes party
Rieka, à propos de la crêpe-party de demain soir. Le staff de ma résidence a fini par enlever le nid de guêpes en entier au lieu d’utiliser du poison périmé. Malheureusement les guêpes ne l’entendent pas de cette oreille et continuent à tourner autour des boîtes aux lettres et à s’asseoir sur le pas de la porte en ricanant.

De : Rieka, à : Octopoule, Objet : Je passe mon tour
Il n’y a rien de plus dangereux et détestable qu’une guêpe. Je crois que je vais rester chez moi. Amusez-vous bien.

De : Octopoulpe, à : Michael, Objet : Dommage, essaie encore
Cher Michael-san, merci d’avoir enlevé le nid de guêpes l’autre jour. J’ai cependant le regret de vous informer que qu’il est en cours de reconstruction et que ses habitantes ne se gênent pas pour venir faire la fête autour de nos fenêtres.

De : Michael, à : Octopoulpe, Objet : Les fêtes sont interdites après 22h00
Cher Octopoulpe-san, cette fois, j’en fais une affaire personnelle. Nous allons définitivement éradiquer cette peste volante, l’expulser au karcher de son squat illégal et mettre des pièges partout.
Signé : un sarkozyste

Si vous vous demandez pourquoi tant de haine envers de malheureuses guêpes, sachez que les guêpes japonaises ne doivent pas faire loin de 10cm de long, et sont réputées pour leur agressivité et leur venin qui tue des chatons (accessoirement elles tuent aussi plusieurs dizaines de personnes chaque année, mais les chatons c’est plus mignon donc j’espère que vous êtes choqués)…

PS: mon concierge n’est pas sarozyste en vrai, mais je vous ai prévenus que les dialogues n’étaient pas exactement fidèles à la réalité…
PPS: par contre j’ai vraiment signé “A l’aide, je suis morte de trouille”. Et si mes guêpes sont assises sur le pas de la porte, c’est parce que je ne sais pas dire “posées” en japonais.